La RSE est un frein à la création de valeur
La RSE est accusée de détourner l’entreprise de sa finalité principale, la création de valeur.
L’entreprise privée à but lucratif, quelle que soit sa forme juridique, est constituée pour dégager un profit qui peut être, après imposition, distribué ou réinvesti. Ainsi, elle contribue à financer l’Etat par l’impôt sur les bénéfices et à rétribuer les actionnaires qui ont été à l’origine de sa création ou de son développement. Par son autofinancement elle mène à bien son projet, elle crée des emplois, elle réalise des investissements qui lui permettent de produire des biens et des services afin de répondre aux besoins de ses clients. La responsabilité sociale détourne l’entreprise de cette vocation naturelle. Elle la prive de ressources financières ou humaines et ainsi elle diminue son efficacité et son efficience. La responsabilité sociale introduit une confusion dans l’esprit des dirigeants qui sont mis face à des injonctions paradoxales, il leur est demandé à la fois de créer le maximum de richesse économique et financière pour satisfaire les marchés et de répondre aux demandes de parties prenantes qui se traduisent par un véritable détournement de ces mêmes richesses.
La RSE est accusée d’empêcher le dirigeant d’entreprise de remplir sa mission pour deux raisons dont chacune serait suffisante pour qu’elle soit condamnée :
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Le dirigeant et son équipe sont immergés dans un environnement hautement concurrentiel et mondialisé qui se caractérise par une quantité phénoménale d’informations à rassembler et à traiter. De plus, le dirigeant se doit d’innover c’est-à-dire de trouver et de développer des produits et des services nouveaux et apportant de la valeur à ses clients. À l’accomplissement de ce travail considérable de traitement de l’information, notamment concernant la concurrence, au développement de cet effort permanent de recherche et développement, le dirigeant responsable doit apporter toutes ses compétences et toute sa capacité de travail. Toute dissipation vers d’autres sujets non directement reliés à la création de valeur crée un risque grave d’inefficacité économique. Ce risque est d’autant plus important concernant la RSE que cette dernière oblige le dirigeant et son équipe de direction à traiter des sujets pour lesquels ils ne sont ni légitimes ni compétents. Ces sujets, par exemple la préservation de l’environnement, la sauvegarde de la biodiversité, la lutte pour les droits de l’homme sont des sujets qui peuvent créer des conflits d’intérêts entre des choix économiques créateurs de valeur et des actions dites de RSE qui mettent en danger l’existence même de l’entreprise. Pour cette raison la RSE doit être condamnée car elle menace l’efficacité de l’action des dirigeants.
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Le dirigeant est un mandataire social qui est nommé et rémunéré par les propriétaires de l’entreprise. Il a reçu un mandat et il doit le remplir sous peine d’être renvoyé. Lorsque ce mandat ne fait aucune référence à la RSE il n’a pas le droit d’engager son organisation dans cette voie sinon il trahit son mandat.
Intervenants :
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Témoins : Christian Bortotto (responsable RSE de GIFI), David Bordessoules (directeur de l’Innovation de GT Location) et Virginie Vidalens (maître de conférence à l'Université de Rennes)
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Procureur : Hervé Penan (directeur IAE Toulouse)
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Avocate de la défense : Marie-Pierre Blin-Franchomme (maître de conférence en droit)

La RSE n'est pas un réel levier de transformation sociétale
La RSE est accusée de ne pas être un levier suffisamment fort pour soutenir la transformation de l’entreprise et de la société.
La RSE défend au niveau des organisations des principes de responsabilité qu’elle prétend être un levier assez fort pour transformer l’entreprise et la société.
En pratique, en s’attachant à des principes comme « le respect des parties prenantes » ou « la gestion plus humaine des organisations », la RSE offre surtout un levier au système capitaliste qui mobilise adroitement ces principes pour maintenir sa prédominance.
Les entreprises engagées dans la RSE définissent le cercle plus ou moins étendu des « parties prenantes » avec lesquelles elles construisent ou développent leur modèle économique, profitable, mais ignorent volontiers celles qui les obligent à le remettre en question, à l’abandonner.
Sous couvert d’offrir autonomie et plus grande liberté à chaque individu, la gestion « plus humaine des organisations » consiste en fait à court-circuiter les instances représentatives du personnel et à remettre en question des règles sociales collectives toujours jugées trop contraignantes pour les organisations.
Ainsi, l’accusation va démontrer que dans ces domaines significatifs où elle se vante d’insuffler une dynamique positive de changement, la RSE ne peut certainement pas être considérée comme un levier assez fort de transformation de l’entreprise et de la société.
Intervenants :
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Témoins : Dominique Pon (directeur de la Clinique Pasteur), Isabelle Ricard (CFDT), Yves Allibert (Irrijardin)
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Experts : Professeure Wélyne et June-E Tan (RH sans frontières).
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Procureur : Odile Verdure-Labeille (consultante RSE)
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Avocat de la défense : François Garreau (Générali)